Il est né en 1565 (d'après le Docteur Morelot, car je n'ai pu confirmer cette date)9. Il ne sortait pas d'une famille de pauvres paysans car il possédait des armoiries (tête de Maure avec deux étoiles et un croissant en pointe) et une fortune suffisante pour s'établir comme potier d'étain (en 1636, un moule à assiette coûtait 12 £, à tasse 18 £, à grande écuelle 24 £ et un potier pouvait utiliser de 10 à 50 moules selon l'importance de son atelier)10.
Il épouse Antoinette Guyon « le jour de la soumission de Beaune à Henri IV », soit vers le 20 mars 1595. Je n'ai pas retrouvé le lieu de ce mariage, ni la date de son installation à Beaune.
De cette union naîtront neuf enfants dont trois ou quatre morts en bas âge.
L'aînée, Antoinette (1596-1668), épouse le chirurgien Michel Montjardet auquel elle assurera une nombreuse descendance et plusieurs générations de chirurgiens à Beaune.
Simon quittera notre ville pour s' établir chirurgien à Tournon ; il épouse Guite Charassin en 1635.
Claudine épouse le marchand beaunois Jean Parizot en 1621 et Françoise le notaire Antoine Marie vers 1635.
Le septième, Jean (1605-1672), reprendra la carrière paternelle et sera marchand potier d'étain.
Lorsque Nicolas meurt à 52 ans, le 25 décembre 1617, ses enfants sont tous bien établis ou en voie de l'être. Sa femme vivait encore en 1632.
En 1625, on retrouve le décès à Beaune d'un Gaspard Morelot, écolier natif de Brazey, fils de feu Nicolas. On ne peut pas affirmer qu'il s'agit du même Nicolas.
Né le 18 septembre 1605,
il épouse le 2 mars 1631 Marie Gallot (1607-1681), fille de
Romain Gallot, sergent royal, marié depuis 1596 à
Margueriote Chevignard, sœur du notaire Pierre Chevignard.
C'est la première alliance entre les Morelot et les Chevignard.
Le
commerce de l'étain était encore prospère au XXVIIe
siècle, mais on ne retrouve que quelques traces de son
activité professionnelle. Dans le compte des octrois pour la
fortification de 1605 à 1607, on lit : « 12 livres et 15 sols
au sieur Morelot, potier d'étain, et 15 livres au sieur Curtil,
couveur, pour la réparation de la couverture de l'horoge » ;
et dans le compte de la fabrique de Notre-Dame pour l'année
1635-1636 : « sept livres et cinq sols à Morelot, potier
d'étain pour quatorze livres et demi de soudure pour le petit dôme
»11.
En 1635, il prend à bail
avec le notaire Pierre Étienne les fonds de la léproserie (qui sera
rattachée à l'Hôtel-Dieu en 1674).
Il meurt le 28 août 1672
à 67 ans et sa femme lui survivra neuf ans.
Sur leurs neuf
enfants, six sont morts en bas âge. L'aîné Jean, sera prêtre et
vicaire de saint-Martin. Il fit le voyage de Jérusalem et mourut à
l'hôpital de Dijon dont il était desservant.
La huitième,
Marguerite, épousera le bourgeois beaunois Nicolas Bachey, fils du
notaire Claude Bachey. Le frère aîné de Nicolas, avocat, procureur
au grenier à sel, sera maire de Beaune ; son frère, Claude,
docteur en médecine, et son frère, Jean, curé de Molinot. Cette
famille de notables subsistera à Beaune jusqu'au XIXe
siècle.
Le quatrième, Simon,
assurera la descendance. Né le 17 janvier 1645, il vivra jusqu'au
20 novembre 1720 (75 ans). Il est qualifié de « bourgeois » en
1637, de « marchand » en 1675, de « receveur de la
ville » en 1680, puis « d'huissier au grenier à sel ».
D'après
le docteur Simon Étienne Hugues, déjà cité, il avait hérité de
son père une large aisance, mais il se ruina au jeu et dut vendre
une partie de ses biens pour acheter une charge d'huissier au grenier
à sel. Il vendit ainsi à son beau-frère Bachey sa maison de la rue
Saint-Martin (qui deviendra l'Hôtel de Rouveray et où habitera le
baron de Joursan-vault) et une maison près de la porte Madeleine
provenant de sa grand-mère Guyon. Il céda aussi des fonds à Aloxe,
Chorey et Pommard.
Il épousa le 30 avril 1669 Catherine
Chappeau, fille du notaire Hubert Chappeau et de Marguerite Joly
(parente de l'abbé Joly, fondateur du Bon Pasteur de Dijon et de la
sœur Joly, maîtresse de l'Hôtel-Dieu en 1675). Catherine meurt en
couches à 26 ans, moins d'un an après son mariage.
Simon se
remarie le 28 avril 1671 avec Pierrette Charleux, fille du
notaire Sulpice Charleux. Sur leur sept enfants, cinq survivront :
-
Marie, l'aînée, restera célibataire ;
- Françoise
épousera Denis Morel, marchand teinturier à Dijon ;
-
Théodore sera dragon et sera tué en Espagne à 27 ans ;
-
Anne sera religieuse à l'Hospice de la Charité. Elle fait
profession de foi en 1702 « pour soigner les pauvres et les
orphelins à l'Hôpital de la Sainte Trinité. Septième professe de
la communauté, elle était encore novice lorsque ses compagnes
reçurent le voile et prononcèrent leurs vœux pour la première
fois. Il leur avait fallu attendre cinquante-six ans après la
fondation d'Antoine Rousseau et Barbe Deslandes pour obtenir la
permission de le faire.
Elle fut inhumée dans le caveau des
sœurs, sous la chapelle, le 11 mars 1748.
Troisième enfant de Simon,
il sera chirurgien et donnera naissance à une véritable dynastie
médicale. Né le 15 décembre 1675, il épouse le 1er
avril 1704 Marie Podechard, fille d'un maître tonnelier. Elle meurt
en couches, un an après son mariage, à la naissance de son fils
Pierre qui ne survivra que peu.
Romain se remarie le 3 août
1706 à Claudine Bretin, elle-même fille d'un maître
tonnelier décédé avant ce mariage et de Claudine Lausseure.
Son tuteur était Louis Lausseure, commissionnaire à Nuits.
Maître
chirurgien juré, Romain portait le titre de « lieutenant du premier
chirurgien du roi » et présidait à ce titre la corporation des
chirurgiens. Celle-ci partageait avec celle des orfèvres la première
place dans les cérémonies. Il participait aussi aux jurys chargés
d'examiner les candidats à la maitrise12. En 1709, il
figurait dans la sixième escouade de la Milice urbaine avec le titre
de « maître chirurgien royal ».
Après sa mort le 26
novembre 1755, sa veuve demeure rue Saint-Martin avec sa fille
célibataire Marie. Elle meurt à Beaune le 15 janvier 1763. Sa fille
vivra jusqu'en 1790. Parmi leurs quinze enfants, sept meurent en bas
âge, deux suivront la carrière de leur père, trois seront prêtres
et un marchand apothicaire, une fille restera célibataire et une
autre entrera au Carmel.
Nous commenceront par ceux qui n'ont
pas eu de descendance.
Simon Étienne Morelot (1707-1755), licencié en droit et canon, sera prêtre habitué de Saint-Pierre, puis curé de Chaux.
Jean Morelot (1709-1778) est prêtre habitué de Saint-Pierre lors de l'inhumation de son père en 1755. En 1735, il signait le registre paroissial de Saint-Martin « en présence du seigneur Curé » (il s'agissait de François Quinard). Lors de l'inhumation de ce dernier en 1742, il signe : « Morelot, faisant fonction de Curé ». Il meurt le 30 mai 1778, accablé d'infirmités, écrit le docteur Morelot.
Étienne Morelot
(1717-1784) est d'abord prêtre de Saint-Martin, puis chanoine de
Notre-Dame. En 1770, il devient « Beau-Père » de l'Hôtel-Dieu
(c'est à dire directeur des religieuses). Il succède dans ce
ministère à Jean-Baptiste Lhomme, bachelier en Sorbonne, et il sera
remplacé après sa mort par Nicolas Beguin, licencié en théologie
et professeur de philosophie à l'université de Paris et au Collège
Louis-le-Grand. Étienne Morelot « fit pour les postulantes un petit
règlement plein de piété et d'onction qu'il faudrait citer tout
entier ; il veilla avec soin à ce qu'on revint à plus de
simplicité pour les cérémonies de réception des sœurs (1774) et
fit rappeler par le bureau que les converses (il s'agit ici des
postulantes et des novices) ne devraient jamais sortir, même pour
aller chez leurs parents, sans être accompagnée par une sœur
(1780) ».
En 1775, les honoraires du « Beau-Père » étaient
de 700 livres par an. En 1777, le bureau des Hospices proposa de les
porter à 800 livres ; Étienne refusa cette augmentation, qui
sera arrêtée par la suite à 750 livres.
Il fut inhumé le
1er janvier 1784 après une cérémonie qui montre bien
les susceptibilités protocolaires du clergé d'alors.
«
Messieurs du Chapitre ont fait la levée du corps, l'ont conduit à
Saint-Pierre, Monsieur le Curé de Saint-Pierre et Messieurs les
Mépartistes ont fait un service et ramené le corps au bas de
l'escalier de la porte de l'Hôtel-Dieu où ils ont fait l'absoute et
se sont retirés. Messieurs les Chapelains de l'Hôtel-Dieu ont
conduit le corps à la Chapelle, fait un service et l'inhumation au
chernier des prêtres et des religieuses de l'Hôtel-Dieu. Messieurs
Routy de Charodon et Parigot de Santenay assistaient comme députés
du bureau, ainsi que les pauvres et la Croix de la Chapelle13.
»
Marie Morelot, sœur
du précédent, est née le 17 septembre 1728. Elle entre au Carmel
de Beaune en 1748, à 20 ans, pour 46 ans de vie religieuse sous le
nom de Sœur Marie de Saint Joseph du Cœur de Jésus. C'était la
89e professe du couvent. Conseillère aux élections de
1772 et de 1775, elle est prieure de 1778 à 1785, puis dépositaire
(économe) de 1785 à 1788, enfin sous-prieure en 1792.
«
Parmi les grâces de choix que reçut notre chère mère, celle
d'avoir des parents d'une vertu éminente et d'appartenir, on peut le
dire, à une famille de saints, ne fut pas sans doute la moindre ;
aussi y reçut-elle une éducation conforme à la piété dont on
faisait profession ; on ne peut rien ajouter aux soins que
Madame sa mère apportait pour conserver le précieux trésor de son
innocence et pour faire croître en elle les vertus qu'elle
s'efforçait d'y imprimer. Lorsque Dieu demanda à cette vertueuse
dame cette fille chérie, ce fut pour elle un terrible sacrifice,
mais sa foi ne lui permit pas de refuser. Notre mère fut donc reçue
dans la sainte religion à sa grande consolation. Sa santé souffrit
d'abord de quelque altération ; on cru qu'elle ne pourrait pas
supporter la règle et on n'était pas éloigné de la renvoyer. Avec
un peu de temps et de patience, elle se remit et eu le bonheur de
faire profession. »
Pendant la Révolution, la sœur
Morelot partagea le sort des autres carmélites : comparution
individuelle devant une commission députée par la municipalité
dans le Carmel même pour « libérer les religieuses de leurs vœux
», après lecture du décret les supprimant.
Toutes, une à
une, affirmèrent rester fidèles à leur état et à leurs vœux. A
la suite de quoi, elles furent cantonnées dans une partie du premier
étage du monastère dont l'église et le reste furent occupés par
la municipalité. Finalement, dans la nuit du 1er au 2
octobre 1792, ce fut l'expulsion. « Celles de nos sœurs qui étaient
de la ville furent réclamées par leurs familles et les supérieures
ne crurent pas devoir refuser une demande qui, dans les
circonstances, paraissait avantageuse. » Ce fut vraisemblablement le
cas pour la sœur Morelot.
«
Par la suite, elle
fut mise en prison avec ses compagnes au Couvent des Cordeliers à
Beaune ; mais elle tomba malade et on obtint qu'elle ne serait
pas conduite à Dijon. Après quelques séjour dans une prison de la
ville, on parvint à l'en extraire en considération de sa maladie.
Elle vécut encore quelque temps mais enfin le Seigneur, voulant la
couronner, la tira à lui. Elle mourut, comme nous l'avons dit, le 24
juin 1794, couronnée de vertus, usée de travaux et toute brûlante
de l'amour de Dieu (à son domicile rue des Prêtres le 6 messidor
an II à une heure après midi). Ses dépouilles mortelles furent
portées à la sépulture publique parmi l'appareil
des fusils et des piques révolutionnaires. Un jour le Seigneur
rendra à ses Saints les honneurs qui leur ont été refusés
ici-bas14.
»
Pierre Morelot. Né le 6 janvier 1712, il meurt jeune le 8 août 1733, un an après son mariage le 29 juillet 1732. Chirurgien comme son père, il avait épousé Catherine Ansault, petite-fille du chirurgien François Belin qui l'avait adoptée à 7 ans après la mort de ses parents et dotée en vue de son mariage.
C'est le premier à porter
ce prénom ; il est né le 20 août 1715 et, maître en
chirurgie, il succède à son père en 1756 comme chirurgien des
Hospices et lieutenant du premier chirurgien du roi. Il est dit, dans
les archives familiales, qu'il a soutenu une thèse de médecine en
1740. Je pense plutôt qu'il s'agit de son examen de maîtrise car
il n'est signalé nulle part comme docteur en médecine.
Il
épouse le 15 janvier 1742 Jeanne Goudelet (1715-1754), fille
de Pierre Goudelet, chirugien à Verdun-sur-le-Doubs, et de
Marguerite Berthot ; cette dernière était elle-même fille
d'un chirurgien de Saint-Loup-de-la-Salle, propriétaire d'un petit
domaine resté longtemps dans la familleMorelot et dont hérita
Albert Delamarche.
Après son veuvage, Marguerite Berthot se
retira chez son gendre à Beaune où elle est morte le 15 août 1772
à 88 ans « conservant toutes ses facultés mais pratiquement
aveugle15 ».
Denis Blaise habite à Beaune rue du
Bourg Neuf où il cohabitera plus tard avec son fils Simon Étienne
Hugues dont il signe la réception comme chirurgien en 1776. En 1756
et 1757, il est échevin, comme en témoigne le rôle de la taille :
de 1758 à 1765, il paye entre dix-huit et vingt-et-une livre par an
et une capitation entre trois et cinq livres.
A sa mort, le 4
août 1783, il laisse seulement deux enfants dont l'aîné lui
succédera et dont le second deviendra notaire. Ils seront tous les
deux à l'origine de deux branches dont sont issus tous les
descendants actuels.